Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a affirmé lundi lors d’un discours à Washington que la crise économique mondiale plaidait pour plus d’intervention de l’Etat et moins de laisser-faire.

Quand les conclusions de la crise auront été tirées, « la balance penchera, au moins un peu, moins en faveur du marché et davantage de l’Etat », a déclaré M. Strauss-Kahn.

« Le schéma ancien de la mondialisation a beaucoup apporté, en sortant des centaines de millions de gens de la pauvreté, mais a aussi un côté obscur, qui est un écart vaste et croissant entre les riches et les pauvres », a-t-il poursuivi.

« Alors que la mondialisation des échanges est associée à une baisse des inégalités, la mondialisation financière, qui est le grand événement des années récentes, les a accrues », a estimé M. Strauss-Kahn, dans ce discours prononcé devant des étudiants d’une université de Washington.

« L’inégalité pourrait avoir été l’une des causes silencieuses de la crise […] Il est clair que la croissance doit se faire avec une distribution des revenus plus équitable », a-t-il considéré.

Selon le patron du FMI, dans de nombreux pays, « il y a une sorte de mélange de chômage et d’inégalités sociales, qui peut entraîner des troubles sociaux ».

« J’aime dire que la main invisible ne doit pas devenir le poing invisible », a-t-il expliqué. Car dans le secteur financier, « la culture de la prise de risque échevelée […], je suis désolé de le dire, est toujours vivante ».

M. Strauss-Kahn a plaidé une nouvelle fois pour la double taxe (une sur la taille du bilan, une sur les profits) sur le secteur financier que le FMI avait proposée sans succès en avril 2010: « le succès (de cette proposition, ndlr) a été limité jusqu’ici, mais je crois toujours qu’elle est nécessaire ».

Il a par ailleurs indiqué que la croissance économique mondiale devrait tourner « autour de 4,5% cette année », une estimation similaire aux prévisions de l’institution en janvier (4,4%), malgré les incertitudes apparues depuis, comme les troubles politiques dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, qui ont alimenté la montée des cours du pétrole, et le séisme au Japon le 11 mars.

« Cette (croissance) moyenne cache des différences », a rappelé M. Strauss-Kahn.

Il a évoqué les problèmes budgétaires de l’Europe. « Je suis toujours inquiet de l’éventualité que l’Europe ait une croissance faible dans les années à venir », a-t-il déclaré.